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Kilomètres: 108km, Pédalage: 5h48, Moyenne: 18,59km/h, Vitesse max: 50,73km/h, Hôtel: 60 €

Depuis hier, la nuit j'entends quelque chose qui broute l'herbe près de la tente. Je m'étais dit que c'était la fatigue... mais cette nuit ça a recommencé. À moins qu'il n'y ait des campeurs voraces et herbivores dans le coin, je pencherais pour des lapins. Mais en fait je n'en sais rien. Des taupes qui creusent?

Il a fait froid cette nuit. La tente et le duvet sont pleins de givre. J'ai peut-être mal fait de tout ouvrir pour éviter la condensation. C'est pire qu'hier. Tout est trempé, et je me dis que ça vaut le coup d'attendre le lever du soleil. Mais je suis bien naïf: avec l'apparition des premiers rayons, ça gèle encore plus! Il fait si froid ce matin que je vais prendre le petit déjeuner dans les vestiaires.

Le temps de m'habiller chaudement et de remballer (la tête d'un des piquets de tente se casse lorsque je le déterre :-( ), il est déjà 9h30... J'attaque la côte que j'ai descendue hier pour arriver au camping. Elle annoncera la couleur pour la journée... Pas de répit. Entre l'attention à ne pas relâcher sur la D704, et les jambes qui doivent assurer en permanence, aucune fenêtre n'est laissée ouverte pour rêvasser ou admirer le paysage comme il le mériterait.

Depuis le début du voyage le vélo guidonne sévèrement dans les descentes, et je suis contraint de freiner pour ne pas valdinguer dans le décor. J'ai essayé de répartir le poids différemment, mais rien n'y fait. C'est plutôt dangereux, surtout quand ça commence à s'emballer. Et certaines descentes sont à la mesure des côtes: bien pentues et interminables.

Je m'arrête vers 12h30 pour manger quelques fruits et boire un thé. Je m'échappe de cette vilaine D704 comme un voleur, en m'embusquant dans les sous-bois au fond d'un pré. Lorsque je redécolle, c'est un grand soleil qui me tape sur la tête dans les côtes. Je jette un œil au compteur... 50km seulement! Dur quand on part aussi tard... Il faut que j'en fasse au moins encore autant alors que j'en ai déjà marre :-(

Quand je passe à Montignac, j'ai une pensée pour Jean Gabin dans « Le Tatoué » :-) Je suis dans le Périgord « noir ». Vallonné... Mais je sais bien que ça n'est qu'un avant-goût de ce qui m'attend. J'espère en secret que demain ne sera pas pire...

Après avoir grimpé un bon moment sous le soleil, je pète une durite et me jette sur le bas-côté de la départementale pour enlever chaussures, chaussettes, gants, sous-gants, casque, cagoule, lunettes, slip, perruque, masque, faux-ongles, oreilles et doigts de pied :-) Une pause thé improvisée. Il est 14h50. Assis près du vélo, je récupère en regardant passer les voitures. Ça roule vite ici aussi... Je repars au bout de 10mn, reposé.

Une dizaine de kilomètres plus tard, en plein milieu d'une côte, j'entends deux chiens aboyer. Contrairement à d'habitude, l'un des aboiements se rapproche dangereusement, accompagné de grognements. Juste le temps de tourner la tête sur la droite pour apercevoir une gueule de travers en train d'essayer de me choper le mollet! J'enclenche la vitesse supérieure, et une bonne montée d'adrénaline me fait pousser à fond sur les pédales pendant que j'insulte copieusement ce con de clébard. Il finit par lâcher prise et me laisse revenir sur un rapport plus tenable. Rien de tel pour se mettre les jambes en compote!

À 18km de Sarlat-la-Canéda, je vois une indication de camping sur la droite. Le temps de réfléchir, et je fais subitement demi-tour sur la D704 pour aller y voir de plus près. Je rencontre deux femmes auxquelles je demande si c'est ouvert. Mais elles n'en savent rien. Plus loin, je demande à une famille à l'orée d'un bois. C'est la femme qui prend le crachoir. « Je ne suis pas vraiment sûre... À cette époque, ils doivent être fermés ». « Il est loin? ». « Environ 6 ou 8km, mais c'est très ~~~ » et elle dessine des vagues avec les mains. OK, j'ai compris. Je retourne sur mes pas pour continuer vers Sarlat.

À environ 9km, je vois une indication « Camping du Mas » sur la droite. Sans réfléchir plus que ça, je m'engouffre dans les petites routes... qui descendent, descendent... et je pense durant toute la descente que si le camping est fermé, il me faudra remonter tout ça!

Bingo! le camping est fermé... mais on me dit qu'un peu plus bas, à environ 1km sur la droite, il y a quelque chose d'ouvert. J'y vais. Ça descend de plus belle. En voyant ça, malgré tout, je ne regrette pas d'avoir emprunté la D704 avec mes 150kg!

J'arrive au fameux « camping ». C'est mort. Quelques caravanes délabrées gardées par des clebs antipathiques, et deux ou trois scooters sans roues allongés dans l'herbe. Les vestiaires sont pourris de l'intérieur, et personne n'est à l'accueil dans la ferme. Pourtant, une femme sortie des caravanes pour empêcher son sale cabot de me bouffer, m'assure que c'est bien un camping :-( Dépité, je rebrousse chemin. Rien ne m'inspire ici. Il me faut à présent remonter ce que je viens de descendre. Je repars donc doucement, à environ 6km/h, quasiment en équilibre sur le vélo. Ceci dit, les côtes d'aujourd'hui, je les ai toutes montées entre 8 et 12 ou 13km/h. La moyenne et les jambes en prennent un coup :-)

Arrivée à Sarlat sans trompettes, mais soulagé. Une gigantesque descente m'incite à redoubler d'attention. Et je me dis encore une fois qu'il faudra certainement repasser ce dénivelé en sens inverse demain.

Plusieurs campings autour de la ville, mais personne ne sait me dire si l'un d'eux est ouvert. Et comme il faut grimper pour aller vérifier, je jette l'éponge et me rabats sur un hôtel (le St-Albert).

J'étends comme je le peux la tente et le duvet pour qu'ils sèchent. Pas évident. Ensuite, douche et dîner. Semoule avec carotte, oignon et bouillon cube. Je bois l'excédent de bouillon en mangeant. Une vache qui rit sur du pain de mie pour compléter le tout. Vaisselle, puis rédaction du journal de bord en vidant le reste de thé et en écoutant de la musique.

Demain, petit déjeuner à 8h. Réveil à 7h. Je ne sais pas quelle sera l'étape. J'improviserai encore :-)

Petit déjeuner dans les vestiaires
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Soleil du matin
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Département de la Dordogne
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Déjeuner dans les sous-bois
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D704 à gauche
D704 à droite
Bientôt à Sarlat!
Ça sèche...
Hôtel à Sarlat
Dîner dans la chambre

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